Editions des Equateurs / Collectif
Janvier 2013

Extraits de la préface

Depuis quinze ans, tout Président des Etats-Unis inaugure son mandat par la lecture d’un précieux rapport de prospective : le monde selon la CIA. La NIC (National Intelligence Council), la cellule de veille et d’intelligence économique de l’agence de renseignements américaine, suit les tendances lourdes et les signaux faibles. Planning stratégique du gouvernement, elle analyse, décortique, projette. Tous les quatre ans, elle rend son diagnostic public. L’objectif ? Aider les décideurs politiques et économiques à préparer l’avenir : adapter l’arsenal législatif, la politique industrielle, la diplomatie. Miser sur les bonnes industries, les relations, préparer l’opinion publique. A la publication de ce rapport, à Washington, dans les antichambres du pouvoir, les petites mains des influents think tanks et agences de lobbying se mettent au travail. Sur la base des projections de la CIA, ils vont formuler projets de lois et campagnes de sensibilisation. « Le monde selon la CIA » pose tous les quatre ans, la doxa de la politique américaine. L’économie est une guerre. Ce cahier de tendances politico-économique doit permettre au pays de se « projeter ». Démarche conquérante, cette initiative trouve son origine dans les questionnements de la CIA sur elle-même : à quoi sert-elle ? Comment éviter un nouveau Pearl Harbor. Elle est le fruit d’une Amérique qui doute et tente de se poser les bonnes questions. Un effort louable pour s’ouvrir au monde et mieux le comprendre.
(…)
Dans le radar de la CIA on trouve des obsessions séculaires (la Chine, l’Iran, l’énergie, l’opinion publique), les mantras du moment (les réseaux sociaux, le gaz de schiste) et les biais immuables : la prédominance d’un capitalisme néo-libéral, l’atavisme des populations. Le rapport délimite les cadres de travail et quatre scénarii projectifs écrits comme un retour du futur. Il y a un mélange de formalisme (le « white paper » à l’américaine) et de lâcher prise (les scénarii à la limite de la nouvelle d’anticipation, de l’exercice littéraire). Pour la CIA, tout dépend de la Chine (maintien de la croissance ou pas ? démocratisation ou pas ? conflits régionaux ou pas ? stable ou pas ?), de la technologie (saurons nous la dompter ?), de la position américaine. Et de ce que nous ferons tous de nos gouvernements fossilisés.

Pour aller plus loin

Le Blog de la NIC (CIA) dédié au rapport : Voir le blog

Revue de presse

  • Figaro Magazine
    Lire Les bonnes feuilles – 1er février 2013

  • Aux quatre coins des mondes possibles
    Lire Libération 9 février 2013 – Vincent Giret